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Maternelle : les nouveaux programmes décryptés

Les nouveaux programmes définissent la maternelle comme une école bienveillante et exigeante qui tient compte du rythme et du développement de chaque enfant. Ils reconnaissent la spécificité de la maternelle. Les moyens nécessaires aux enseignants pour les faire vivre ne doivent pas être oubliés.

Les nouveaux programmes de la maternelle qui entreront en vigueur à la rentrée 2015 sont prêts. Dire qu’ils font l’unanimité serait sans doute un peu exagéré, mais dans l’ensemble ils remportent une large adhésion auprès de la communauté éducative.

Il faut dire que le texte proposé au Conseil supérieur de l’éducation, qui l’a adopté à une très large majorité le 5 février dernier, apporte des réponses concrètes aux enjeux de la maternelle.

http://www.education.gouv.fr/cid87300/rentree-2015-le-nouveau-programme-de-l-ecole-maternelle.html

La grande nouveauté est que de la TPS à la GS, elle est désormais organisée en un cycle unique. Une organisation qui reconnaît la spécificité de la maternelle. La maternelle est décrite comme une école « bienveillante », attentive au rythme et au développement de l’enfant. Elle accueille les enfants, mais aussi les parents afin d’établir un dialogue, de favoriser la réussite de la transition entre la maison et l’école. Elle scolarise des élèves qui arrivent avec des vécus différents, qui avancent plus ou moins vite dans leurs acquisitions, qui ont des besoins qui diffèrent selon l’âge, comme la sieste pour les plus petits.

Au contraire des programmes de 2008 écrits par des rédacteurs « anonymes », cette fois l’Institution a su jouer la transparence, prendre le temps de la réflexion et de la consultation. Résultat, les améliorations sont notables par rapport à la première version. Elles intègrent une bonne partie des remarques formulées aussi bien par les enseignants à l’occasion de la consultation organisée cet automne, que par le SNUipp-FSU. C’est le cas par exemple pour ce qui concerne le nombre d’attendus en fin de cycle. Il est passé de 135 à 59, ces attendus devenant plus explicites et mieux adaptés aux capacités des élèves. Le document est lui aussi plus ramassé. Ne restent plus que 28 des 70 pages de la première version avec ses recommandations, une longueur plus raisonnable.

Le principe d’éducabilité affirmé

D’autres améliorations ont été apportées dans le sens de plus d’équilibre.

- Par exemple, à propos de la place de la phonologie et de la découverte du principe alphabétique, trop faible dans la version initiale et très réévaluée dans la nouvelle version. Un amendement présenté par le SNUipp-FSU a été intégré afin que les activités de phonologie, au demeurant nécessaires, ne soient pas trop envahissantes : « des jeux et activités structurées sur les constituants sonores de la langue n’occupent qu’une part des activités langagières. »

- Les programmes soulignant que « tous les enfants sont capables d’apprendre et de progresser », affirment le principe « d’éducabilité ».

- Ils précisent aussi que « les situations inscrites dans un vécu commun sont préférables aux exercices formels sous forme de fiches » ce qui constitue sans doute une réponse à la dérive de « primarisation » engagée ces dernières années.

- Autre aspect important : l’évaluation. Il s’agit de pratiquer une « évaluation positive », permettant à l’élève « d’identifier ses réussites », « de mesurer ses progrès » source de confiance en soi, tout en constituant « un outil de régulation du travail des enseignants » (lire ici : http://www.snuipp.fr/Un-cycle-unique-pour-une-ecole).

- Concrètement, trois principes sont affirmés : « une école adaptée aux jeunes enfants », « des modalités particulières d’apprentissage » et « apprendre et vivre ensemble ».

- Puis cinq domaines sont déclinés : le langage, les activités artistiques, l’activité physique, explorer le monde et nombres, formes et grandeurs (lire ici : http://www.snuipp.fr/Un-cycle-unique-pour-une-ecole).

Du temps, des moyens, des ressources, de la formation

Le langage prend une place centrale, l’ambition étant de le mobiliser dans toutes ses dimensions. La « stimulation et la structuration du langage oral » et « l’entrée progressive dans la culture de l’écrit » en sont les deux priorités souligne le texte.

Pour ce qui est de la partie nombres, formes et quantités, le mathématicien Rémi Brissiaud estime que le nouveau texte comporte des nouveautés intéressantes. « La plus importante est que l’appropriation des compositions-décompositions des nombres et le rôle du langage dans cette appropriation y sont fortement mis en avant » dit-il, se satisfaisant que l’enseignement se porte davantage sur les relations entre les quantités plutôt que sur le comptage- numérotage. (lire ici :http://www.snuipp.fr/Trois-questions-a-Remi-Brissiaud)

Jugeant désormais les nouveaux programmes plus lisibles, plus équilibrés, plus opérationnels et ayant intégré des éléments de progressivité en fonction de l’âge des enfants, ce qui faisait défaut dans la première version, le SNUipp-FSU pense aussi à leur mise en œuvre. « Il va désormais falloir donner aux équipes enseignantes le temps, les moyens et les ressources pour les mettre en application » souligne-t-il, tout en insistant sur l’importance des documents d’accompagnement à venir et de la formation continue

Car en effet, le temps de la mise en pratique va bientôt sonner et il faudra éviter les écueils, tourner la page de la primarisation. « C’est la lecture, l’interprétation qui en sera faite qui déterminera les pratiques » estime Viviane Bouysse. Mais l’Inspectrice générale note que les nouveaux programmes « insistent sur des modalités d’apprentissage propres aux jeunes enfants et sur des situations qui respectent ces modalités. Ils rappellent la nécessité de l’activité et de l’initiative des enfants, mais aussi celle de la réflexion à partir de cette activité ; il est beaucoup question de compréhension, de pensée dans ces textes. Mais qui dit compréhension et pensée ne signifie pas formalisme vide de sens ; le sens est construit dans l’activité quand celle-ci est orientée vers un but accessible aux jeunes enfants » (lire ici : http://www.snuipp.fr/Entretien-avec-Viviane-Bouysse-Des ).

En reconnaissant toutes ses spécificités, les nouveaux programmes font de la maternelle une école à part entière.

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